PRISE D'OTAGE : QUI FAIT QUOI ?

Publié le par Gilloux99

Prise-Otage-1-copie-1.jpgCe midi, la Une de l'actualité est une prise d'otage dans une école maternelle de Besançon, où un forcené détient encore à cette heure-ci quelques jeunes enfants et leur institutrice. Présenté par les forces de l'ordre comme un jeune déséquilibré, le preneur d'otage retiendrait les enfants grâce à deux sabres. Mais pourquoi est-ce le GIPN qui est intervenu, et pas le GIGN ou le RAID ? Sans trop rentrer dans les détails, bien que le sujet me passionne, voici quelques compléments d'informations, en commençant par un rappel historique de la création de ces groupes d'interventions, puis une présentation succincte de chacune de ces formations très particulières.

Prise Otage 2L'horreur des JO de Munich 1972
La prise d'otage des athlètes israéliens par le commando Septembre Noir aux Jeux Olympiques de Munich, et le massacre qui en a résulté a fait prendre conscience aux autorités de la nécessité de disposer de forces de police entraînées à gérer ce type de situation, et équipées d'un matériel adéquat. En effet, l'absence de moyens de réponse adaptés face à des preneurs d'otages a joué un rôle non négligeable dans le funeste résultat de cette prise d'otage.

Ainsi, personne n'était formé à la négociation, alors même que les terroristes étaient "ouverts" à la discussion. Quant aux fonctionnaires positionnés pour un assaut, il s'agissait de simples fonctionnaires de police munichois, sans formation particulière, voire à peine sortie de l'école de police. Enfin, alors qu'un plan avait été monté pour neutraliser les terroristes sur un aéroport voisin, le manque de communication entre les différentes équipes sera la cause d'un vrai massacre.

Prise Otage 3Le GIPN, 1ere unité anti-prise d'otage
La réaction des autorités française face à ce drame ne se fait pas attendre, et le commissaire Georges Nguyen Van Loc est chargé de créer le 1er Groupe d'Intervention de la Police Nationale, à Marseille. 10 autres suivront, avant que certains ne disparaissent pour retomber à 7 aujourd'hui sur le territoire métropolitain (Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nice, Rennes et Strasbourg). 3 autres suivront pour couvrir les DOM-TOM (Réunion, Nouvelle-Calédonie, Antilles-Guyanne).

Chaque GIPN possède une compétence d'intervention régionale, se compose en moyenne d'une vingtaine d'homme, et est d'alerte 24/24, toute l'année. Il se compose de fonctionnaires de police, qui suivent un entraînement adapté à la résolution des missions confiées. Il s'agit de répondre en cas de prises d'otages, mutineries en prison, forcené retranchés au domicile ou au travail, escorte de personnalité ou de détenu, sécurisation de procès.

Prise Otage 51974 : création du Groupe d'Intervention de la Gendarmerie Nationale
Le GIGN est la réponse de la gendarmerie au drame de Munich, qui crée deux unités, le GIGN 1, basé à Maison-Alfort, et le GIGN 4, basé à Mont-de-Marsan. Mais très vite, en 1976, les deux unités n'en forment plus qu'une, basée à Maison-Alfort.

L'unité, dirigée à l'origine par Christian Prouteau, va très vite devenir célèbre pour ses interventions en milieu carcéral, où lors de certaines prises d'otages, comme celle de Djibouti (des enfants de travailleurs français retenus en otage par des terroristes locaux), celle de l'Hôtel FESC à Ajaccio. Ce sont aussi quelques gendarmes du GIGN, emmenés par le Capitaine Paul Barril, qui ont aidé les forces saoudienne à résoudre la prise d'otage de la Grande Mosquée de la Mecque entre novembre et décembre 1979.

Très vite, cette unité de la Gendarmerie Nationale s'est imposée, tant au niveau national qu'international, devenant l'une des unité anti-terroriste de référence. Grâce à la sélection d'une part, mais aussi grâce aux moyens mis en œuvre, largement supérieurs à ce que les GIPN locaux pouvaient bénéficier. Car dès le début, le Groupe a été un véritable laboratoire, utilisant l'ancienne base aérienne de Mondésir dans le 91 pour simuler toute intervention possible. De même, le Groupe s'est très vite entraîné sur des avions en conditions réelles, à une époque où les détournements aériens étaient fréquents. Entraînement qui a payé en décembre 1994, lorsque le GIGN est intervenu pour libérer le vol AF8969 sur l'aéroport de Marseille, alors que 4 terroristes du GIA souhaitaient, il semble, le faire exploser au dessus de Paris.

Prise Otage 4Le RAID, la réponse de la Police Nationale
Les années 80 sont le théâtre d'une véritable guerre entre les services de police, mais également entre la Police Nationale et la Gendarmerie Nationale. Chacun se livrait alors à une guerre de territorialité et de notoriété. Dans ce contexte un peu particulier, les commissaires Robert Broussard Ange Mancini sont chargés de créer le RAID (Recherche, Assistance, Intervention, Dissuasion), première unité de police anti-terroriste, qui disposera de moyens équivalents à ceux du GIGN.

La particularité du RAID est d'avoir des compétences dans la résolution de prises d'otages, mais également dans la lutte contre le terrorisme et le grand banditisme, en étant également une unité d'investigation. C'est grâce à cette particularité que le RAID a interpellé en 1987 les 4 dirigeants historiques d'Action Directe, ou encore Yvan Colonna en 2003, après de longue investigations policières plus classique, mais menées directement par l'unité.

Grâce à une base opérationnelle située à Bièvres, et à des moyens financiers important, le RAID, à l'instar du GIGN, est une unité qui profite des séances d'entraînement pour innover et tester de nouvelles méthodes d'intervention, pour être en mesure de faire face à toute situation lorsque les autorités font appel à cette unité.

Prise Otage 6Qui fait quoi ?
Le périmètre d'intervention de toute ces unités est clairement défini, et du ressort du préfet du département. Ainsi, chaque GIPN intervient dans sa zone de compétence régionale, si celle-ci est située en "zone Police", c'est-à-dire dans une zone géographique –généralement urbaine mais pals exclusivement- où l'autorité de police est assurée par la Police Nationale.

Quant au RAID, il est prioritaire sur les 21 départements qui entourent la ville de Paris, à l'exception de la Capitale, où les missions du RAID sont confiées à la BRI (Brigade de Recherche et d'Intervention de la Préfecture de Police de Paris). En dehors de ce périmètre d'intervention, le RAID intervient si la nature de l'opération, ou les moyens à mettre en œuvre, ne peuvent être mis en place par les unités du GIPN compétentes.

Enfin, le GIGN intervient quant à lui au sein des "zone Gendarmerie", à savoir les villes et villages où l'autorité de police dépend de la Gendarmerie Nationale. Zones qui sont souvent rurales, mais pas exclusivement. De plus, comme pour le RAID, le GIGN peut se substituer aux forces d'interventions locales en fonction là encore de la nature de l'opération, ou des moyens à mettre en œuvre.

A noter que compte tenu de l'évolution des risques terroristes depuis plusieurs années, le GIGN et le RAID se focalisent sur les interventions spécifiques, ou présentant des risques importants. Ces deux unités se consacrent donc moins aux interventions sur cas de prises d'otages ou de transferts de détenus plus classiques. Ainsi, le GIGN interviendra toujours en priorité sur les détournements d'avions ou de bateaux. Et dans le cas de détenus particulièrement à risque, c'est le RAID qui se chargera des escortes. Non seulement dans la réalisation, mais aussi dans tout le travail d'enquête en amont afin de déterminer si il y a un projet d'évasion mis en place par d'éventuels complices.

Loin de l'époque où les services de police se livraient une véritable guerre, aujourd'hui, les moyens sont redéployés et réorganisés, non seulement en fonction des missions historiques, mais aussi, et surtout, en fonction des compétences acquises depuis leur création, et leurs usages possibles dans un monde qui énormément changé depuis le début des années 70.

Publié dans Headlines of the Day

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article