The Pacific : entre batailles oubliées et héros américains
Quelques années après Band of Brothers (Frères d'Armes), Steven Spielberg et Tom Hanks ont produit ensemble une nouvelle série, toujours diffusée sur HBO, toujours à l'époque de la Seconde Guerre Mondiale, mais dans un nouveau contexte, celui de la Guerre du Pacifique. Mais si cette nouvelle minisérie reprend certains codes de sa "grande sœur", elle est en même temps très différente sur bien des aspects.
Les points communs
Comme Band of Brothers, la musique du générique, composée par Hans Zimmer, est un air classique assez lent, avec cependant quelques mouvements plus rapides et plus intenses. Le générique, dont les images alternent dessins au fusain et images de combat, donne tout de suite le ton de la série. A la fois intense, mais aussi violent, dur, triste et émouvant.
Immédiatement après le générique, on retrouve une autre similitude avec Band of Brothers. Des extraits d'interviews de combattants appartenant aux unités ayant participé aux combats évoqués dans la série, qui évoquent leurs souvenirs des événements relatés dans l'épisode à venir. Et tout comme dans la 1ère série, nous ne saurons qu'à la fin quel personnage correspond à tel ou tel vétéran.
Quant à la réalisation, elle est identique. Les plans tournés à l'épaule plongent le spectateur au cœur des combats, notamment lors de certaines phases d'assaut, qui les rendent plus que réels. Et comme il y a quelques années, les scénarios s'attachent à suivre quelques hommes tout au long d'une ou plusieurs campagnes, sur un théâtre d'opérations.
Enfin, autre point commun mais non des moindre, l'aspect historique. Les scénaristes s'attachent à rendre compte d'événements tels qu'ils se sont passé, sans forcément prendre le parti de l'armée américaine. Si erreurs du commandement il y a eu, elles sont exposées, sans concession, et malgré les pertes humaines qu'elles ont pu causer.
Les différences
Au contraire de Band of Brothers, qui s'attachait à suivre la Easy Company, du 506ème Régiment d'Infanterie Parachutée de la 101ème Division Aéroportée de l'US Army, la série The Pacific se concentre sur l'histoire du United States Marine Corps, et notamment de la 1st Marine Division, déployée dès 1942 et jusqu'à la fin de la guerre, dans le Pacifique. Là où précédemment le spectateur suivait un même groupe d'homme, le montage de ce nouvel opus s'attache plus à la narration de campagnes, où les régiments déployés n'ont pas été les mêmes.
Autre nouveauté, là où Band of Brothers évoquait des faits largement connus (le Débarquement du 6 Juin 1944, la Bataille des Ardennes, l'Opération Market Garden, etc …), The Pacific évoque des combats plutôt méconnus, et pourtant tout autant sanglants et désastreux en terme de pertes humaines. Notamment les trois chapitres de la minisérie consacrés à la Campagne de Peleliu. Campagne sanglante mais totalement inutile par la suite, puisque cet îlot, présenté comme stratégique, ne sera jamais utilisé par les forces américaines dans la lutte contre les Japonais.
Afin de suivre les combats menés par la 1st Marine Division, les scénaristes nous font suivre la vie de quelques Marines tant lors des combats qu'en dehors. Car si dans Band of Brothers la vie en dehors du théâtre d'opérations n'est que peu, voire pas du tout évoqué, The Pacific consacre une part importante à la vie en dehors des combats. Que ce soit à Melbourne, où un régiment est envoyé en permission après la bataille de Guadalcanal, ou encore le retour à la maison de certains combattants, dont la période d'engagement est terminée.
The Pacific s'attache également à suivre le Sergent Artilleur John Basilone, récipiendaire de la Médaille d'Honneur du Congrès pour acte héroïque lors de la bataille de Guadalcanal. Décoration qui lui vaudra un retour au pays pour encourager la souscription de Bons du Trésor, destinés à financer l'équipement des Forces Armées Américaines. Puis sa volonté de réintégrer un poste de combattant. Jusqu'à la bataille d'Iwo Jima, qui sera évoquée sous un angle complètement inattendu.
Enfin, si le dernier épisode de Band of Brothers était relativement bucolique et serein, la fin de The Pacific est beaucoup plus sombre, évoquant sans concession le difficile retour à la vie civile d'hommes qui ont connu l'horreur des combats. Car ces derniers sont évoqués sans concessions, et montrent l'horreur auquel ont dû faire face quotidiennement les soldats engagés, face à un ennemi qui luttait jusqu'à la mort, sans jamais se rendre, et qui n'hésitait pas à se servir de civils comme boucliers humains.
Conclusion
En apparence similaires, ces deux miniséries historiques sont toutefois très différentes. D'une part par le contexte, qui n'était pas le même sur le front Européen que sur le front Pacifique, mais aussi dans la construction des scénarios. Pour nous français, elle possède cependant le mérite de nous présenter certains évènements méconnus de l'Histoire de la Seconde Guerre Mondiale, peu évoqués lors des cours d'histoires, car plus loin géographiquement.
Cependant, autant Band of Brothers montrait une histoire d'hommes, issus d'un même groupe pris dans les tourments de la guerre, autant The Pacific donne l'impression d'être une ode à la gloire du Corps des Marines des Etats-Unis. Peut être un peu trop même, et ce bien que je me sente proche des valeurs défendues par l'United States Marine Corps.
Même si rien ne semble prévu à ce sujet, j'espère que Steven Spielberg et Tom Hanks s'attacheront à produire une nouvelle minisérie, consacrée cette fois à la guerre du Viêt-Nam. Cependant, ces deux séries de grande qualité me laissent un goût amer. Pourquoi en France, alors que nous disposons d'un passé historique riche en faits d'armes, ne sommes nous pas capables de réaliser ce type de séries, à la limite du documentaire, mais d'une grande qualité artistique et scénaristique ?